Ouverture grandiose de la saison lyrique à Rouen avec Tannhäuser !

La France a une immense chanteuse wagnérienne – et une straussienne accomplie – et trop de maisons lyriques, à commencer par la première – semblent souvent l'ignorer. Voix puissante, aigus dardés, telles des flèches d'or, sens de la ligne mélodique, soprano lyrique et dramatique, Catherine Hunold poursuit la grande tradition du chant français au service des héroïnes de Wagner. 

L'Opéra de Rouen Normandie l'invite pour une série de trois représentations (27/09, 20/09 et 03/10) à relever le défi d'interpréter le double rôle de Vénus et d'Elisabeth dans Tannhaüser. Son endurance,  l'intelligence de son approche stylistique, sa profonde connaissance de l'univers wagnérien, son tempérament et la précision sans faille de sa technique vocale font de cette rencontre un événement en soi. Celle qui fut au Capitole de Toulouse à la fois  une ébouriffante Prima  Donna et une bouleversante Ariane dans l'Ariane à Naxos de Strauss (2019), celle que Palerme a ovationnée en Kundry dans un magnifique Parisfal mérite la reconnaissance nationale d'un talent hors norme. 

A ses côtés, le ténor irlandais Paul McNamara sera une nouvelle fois le héros torturé, personnage qui complète la longue liste de ses héros wagnériens (Mime, Loge, Erik, Siegfried...). Sauf erreur, ce sera sa première apparition sur une scène française et cette découverte sera un des grands intérêts de cette production mise en scène par David Bobée. 

Les amateurs de théâtre n'ont pas oublié Lucrèce Borgia de Hugo, drame rouge et noir dans lequel une Béatrice Dalle survoltée faisait jaillir des gerbes d'eau d'une scène aquatique de bel effet spéculaire. La trouvaille était signée David Bobbée, directeur du Centre Dramatique National de Normandie Rouen. Le voici aux commandes de ce Tannhaüser, après The Rake's Progress de Stravinski et la redécouverte d'un des chefs d’œuvre de Gounod La Nonne sanglante en 2018. David Bobbée n'est pas un tiède et saura trouver pour l'opéra de Wagner des images incandescentes. On en attend autant de Rudolf Piehlmayer qui avait dirigé un impressionnant Vaisseau Fantôme à Angers en 2019. Une bien belle équipe mobilisée pour un opéra dont la découverte provoqua cet aveu passionné de Charles Baudelaire : « je me sentis pour ainsi dire enlevé de terre ». 

Le chef d’œuvre de Wagner ouvre la saison lyrique de l'Opéra de Normandie Rouen qui a mis à son programme Mozart et sa Clémence de Titus (novembre 2020), Pelléas et Mélisande de Debussy  que l'on aimera entendre pour la première Mélisande d'Adèle Charvet (sur laquelle je fonde de très grands espoirs) et le Golaud de Nicolas Courjal (janvier 2021), Simon Boccanegra de Verdi (juin 2021) et d'autres productions hors des sentiers battus à découvrir en suivant ce lien : https://www.operaderouen.fr/

JJ pour weOpera


PS :
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