Les Arts Valencia, nouvelle saison 20-21 !
/L'audace contemporaine et la tradition la plus subtilement renouvelée composent le savant dosage de la programmation des œuvres lyriques du Palais des Arts de Valence.
L'audace et tradition se mêlent d'emblée dans une version scénique du … Requiem de Mozart. Ce nouveau spectacle du Palau de les Arts Reina Sofía, en coproduction avec de prestigieux festivals et théâtres internationaux sera dirigé par Stefano Montanari sous la direction de Romeo Castellucci (Du 27/09 au 08/10).
Lui succèdera du 20/10 au 04/11 Fin de Partie d'après l’œuvre dramatique de Samuel Beckett du compositeur hongrois né en 1926 György Kurtág. L'opéra créé à la Scala le 15 novembre 2018 après de nombreuses vicissitudes a rencontré un succès immédiat et qu'on annonce durable. Il est présenté à Valence dans sa production originale mis en scène par Pierre Audi et dirigé par Markus Stenz. Voilà une œuvre contemporaine puissante, profondément originale, dont l'écriture musicale devrait captiver et séduire.
Le compositeur espagnol qu'on a surnommé le « Mozart valencien », Vicente Martín i Soler (1754 – 1806) a écrit de nombreux opéras bouffes. Valence cette année honore l'enfant du pays en montant Il Tutore burlato dont la verve n'a d'égale que l'invention mélodique. Une découverte à ne pas manquer du 13 au 22/11.
On restera dans le même registre avec La Cenerentola de Rossini, délicieusement habillée et vivement animée par Laurent Pelly avec un couple radieux, Anna Goryachova et René Barbera (Du 10 au 23/12).
Janvier prolongera la fête avec le Fastaff de Verdi, chef d’œuvre incontesté que servira une nouvelle fois l'énorme baryton italien Ambrogio Maestri sensible aux charmes de la grande soprano espagnole Ainhoa Arteta (Du 21 au 31/01/2021)
Une rareté animera la scène du Teatre Martín i Soler, L'isola disabitata de Manuel Garcia (1775-1832), célèbre chanteur, compositeur et chef d'orchestre né à Séville, et père des non moins célèbres Malibran et Pauline Viardot. La découverte s 'impose d'autant qu'Emilio Sagi est aux manettes de cet opéra de chambre.
Six dates du 27 février au 14 mars pour venir s'enthousiasmer au très beau TRISTAN UND ISOLDE de Wagner, admiré déjà à Barcelone en décembre 2017. Stephen Gould, Elena Pankratova et René Pape seront les prodigieux servants de cette cérémonie amoureuse qu'électrisera la direction du chef finlandais Mikko Franck. On ne se lassera pas de dire la puissance et la splendeur de la mise en scène d'Alex Ollé et de la scénographie élaborée par Alfons Flores. Ce que j'en écrivais en décembre 2017 après une représentation au Liceu peut éclairer ceux qui n'ont pas encore eu la chance de voir ce spectacle :
« Alex Ollé, le plus consensuel des membres du collectif catalan La Fura dels Baus, a conçu pour le grandiose opéra de Wagner un décor à la fois monumental et dépouillé. Alors que brille au loin un océan d’écume et de houle, une immense lune descend des cintres progressivement pendant l’acte I: se détachant sur le noir de la nuit, elle situe le drame dans un non-lieu cosmique où souffrent les humains. Posée sur le sol, elle baignera de sa lumière lactée et mélancolique l’attente et l’agonie de Tristan. Un oculus percé en son sein restera le seul et périlleux chemin pour parvenir au chevet du héros blessé. Le même dispositif inversé offre à l’acte II sa face concave pour figurer l’architecture du château de Marc, tel un bunker : des ouvertures comme des meurtrières rythment les grandes parois; des escaliers en griffent les murs, menaçant le couple d’intrusions sacrilèges; des flammes vont incendier le cercle, symboles de l’embrasement des cœurs, l’enlacement des corps, la fusion des âmes. Des entrelacs projetés de racines et de branches mouvantes semblent figurer l’inextricable lien qui unit les deux amants, rappel peut-être du lai du chèvrefeuille médiéval qui chante le couple mythique. L’orbite deviendra à la fin du liebestod source de lumière intense, épiphanie de l’extase mystique d’Isolde. Le dispositif s’avère simple à lire, impressionnant, efficace, cohérent.(...) Une ovation debout et des rappels multiples saluent la performance d’ensemble de cette production. » (Utmisol)
Le fameux diptyque Cav/Pag - Pagliacci et Cavalleria Rusticana - conclut sans risque la saison avec une belle distribution où domine la performance de Jorge de León tour à tour épris de la Santuzza de Sonia Ganassi et de la Nedda de Ruth Iniesta. Autre assurance de qualité et de fidélité, la mise en scène de Giancarlo del Monaco dont le nom suffit pour garantir une splendide tradition. (Du 23/05 au 05/06)
Je n'omets pas en version concert et sur une seule date, le 26/11/2020, Mitridate de Mozart, sous la direction toujours vive de Marc Minkowski avec une distribution superlative dont j'ai déjà dit tout le bien que j'en espérais. Ce retour en arrière chronologique me conduit à compléter cet aperçu par les concerts proposés.
Déesse de mon Panthéon, Joyce Di Donato sera celle du Palau des Arts de Valencia où elle interprétera le 13/12/2020 ses airs favoris (My Favorite things est le titre du récital) empruntés à des œuvres de Monteverdi, Gluck, Händel et Purcell avec Il Pomo d’Oro sous la direction flamboyante de Maxim Emelyanychev.
La programmation lui réserve la place de choix, l'unique, de la section Grandes Voix, alors même que sont aussi au rendez vous du lied et de l'art lyrique Lise Davidsen (Schumann, Brahms, Sibelius, Grieg, Strauss le 25/10), Sonya Yoncheva le 25/04/2021 dans des pages de Verdi, Tosti, Leoncavallo, Puccini), ou la très rare (en récital) mezzo Anita Rachvelishvili (le 17/01). Sur les mêmes sommets d'exigence, on retiendra le baryton allemand Christian Gerhaher (Schubert, Berg, Fauré le 12/02) et René Pape, lui aussi trop rare en récital (le 16/05) et qu'on aura retrouvé avec émotion en Roi Marke dans le Tristan. Faut-il recommander à ses compatriotes d'aller le 29/11 rendre l'hommage qu'elle mérite à la soprano espagnole Ainhoa Arteta qui fêtera Beethoven, Strauss, Granados et de Falla ?
JJ
PS: Saison à découvrir complètement ici : https://www.lesarts.com/es/programacion/